Barthélémy l’Anglais, un encyclopédiste du XIIIe siècle, consacre son XIXe livre aux couleurs. Cette encyclopédie écrite aux alentours de 1240 sous le titre de « De proprietatibus rerum » a été traduite en de nombreuses langues, la première version française datant de 1372, traduite par Jean Corbechon. Voici une transcription (orthographe modernisée) de ce qu’il écrit sur la couleur rouge :
De la couleur rouge
Rouge couleur tient le moyen entre blanc et noir ; et est autant loin de l’un comme de l’autre. La couleur rouge est causée en la claire extrémité du corps par incorporation d’une claire lumière qui a nature et couleur de feu et est composée également du blanc et du noir, mais en reluisant elle s’accorde plus au blanc qu’au noir pour la clarté qui est de nature de feu : lequel reluit et espart la vue par la couleur, et pour ce une couleur bien rouge blesse la vue ainsi comme fait la blanche, et si donne couleur aux choses qui sont près de lui. Et pourtant les vendeurs des draps pendent draps rouges devant la lumière pour que les acheteurs puissent moins juger de la couleur que les autres draps pour la rougeur qui les empêche de la voir. La rouge couleur est signe de chaleur combien que la rose qui est froide soit rouge par dehors.
Chimie ©www.terebenthine.comet minéralogie L’orpiment est un trisulfure d’arsenic – As2S3 – qu’on trouve à l’état naturel, en filons, dans certaines roches argileuses, accidentellement de façon secondaire dans les filons aurifères – ou comme produit de décomposition du réalgar (AsS, pigment orange) à la lumière (comme sur la photo ci-contre). On le trouve ©www.terebenthine.comsous forme native en Hongrie, Syrie, Allemagne, Pérou, Chine, Iran, France,… On peut cependant l’obtenir par un procédé industriel « simple », de la façon suivante :
Sa formule chimique est As2S3, il cristallise dans le système monoclinique. Il est insoluble dans l’eau, l’alcool et les hydrocarbures, décomposé par l’acide nitrique et l’eau régale (mélange d’acides nitrique et chlorhydrique). Il est incompatible avec ©www.terebenthine.comles sels métalliques et avec la chaux, de ce fait il ne peut pas être utilisé pour la fresque. Utilisation historique
C’est donc un © www.terebenthine.compigment toxique, qui de plus est instable. Il faut donc éviter de le mélanger à d’autres pigments, en particulier aux pigments métalliques. On pallie à ce problème en préférant la superposition des couches – ce qui est assez facile avec l’enluminure mais beaucoup plus difficile lorsqu’il s’agit de peinture à l’huile, ou de toute autre technique nécessitant une couche plus épaisse de matière. On le retrouve en particulièrement grande quantité sur des manuscrits tels que le livre de Kells et l’évangéliaire de Lindisfarne – en compagnie du minium (orange) et du vergaut.* * On a longtemps cru que la teinte verte de ces manuscrits était dûe au vert de gris, cependant une analyse récente par microspectrométrie Raman indique qu’il s’agit de vergaut. Cela a aussi permis de déterminer que le bleu de l’évangéliaire de Lindisfarne n’est pas de l’azurite comme on le croyait précédemment, mais de l’indigo. Actuellement On peut actuellement ©www.terebenthine.comacheter de l’orpiment chez Kremer, qui tout à fait logiquement demande de justifier d’une utilisation professionnelle (artiste, restaurateur) par un numéro d’inscripton à l’URSSAF ou à la Maison des Artistes. Pour une utilisation n’exigeant pas la compatibilité historique, il existe des substituts:
Ces substituts sont par contre en vente libre, on peut les trouver en France à un coût raisonnable, par exemple chez le Géant des Beaux-Arts. Utilisation Il reste assez granuleux lorsqu’on l’achète – il est donc indispensable de le re-broyer avec un mortier et un pilon. Étant légèrement hydrophobe, il est plus simple d’ajouter le liant directement dans le mortier.
|